Varroa, ce que vous DEVEZ savoir.

Varroa, ce que vous DEVEZ savoir.

Pour bien comprendre cet article, vous devez être à l'aise avec le cycle du couvain de l'abeille.

  

Il y a deux certitudes avec le varroa:

  1. Vos ruches en contiennent.
  2. Si vous n'y faites rien, tôt ou tard vos colonies s'effondreront.

Je sais, varroa c'est un sujet peu passionnant. Mais ça ne le rend pas moins important. Bien connaître varroa c'est ce qui vous démarquera des autres apiculteurs. C'est ce qui peut faire la différence entre 95% de survie hivernale avec des ruches populeuses au printemps et une survie hivernale de 50% avec des ruches moribondes au printemps. Je ne le dirai jamais assez, connaître varroa, c'est absolument primordial. 

Varroa destructor c'est quoi?

Varroa destructor est un parasite de l'abeille. Il est maintenant pratiquement partout sur la planète. Il s'agrippe aux abeilles et se nourrit de leur sang (Hémolymphe). Il mesure environ 1,5 mm de diamètre, c'est petit, mais bien visible à l'œil nue. En le comparant à une abeille de 11 à 13 mm de long par contre, c'est énorme. C'est un peu comme si une sangsue de la taille d'un volant de voiture vous suçait le sang sur le ventre ou dans le dos. Ou pourquoi pas les deux à la fois? Deux varroas sur une même abeille, ça arrive.

 

Varroa vue de prèsVarroa vu de près

Pour simplifier l'article, le terme "Varroa" sera utilisé plutôt que "Varroa destructor". Mais sachez qu'il existe plusieurs espèce de varroa parasitant les abeilles.  Varroa destructor est cependant le plus rependu. Il est aussi le seul que vous rencontrerez dans vos ruche. Mais cela pourrait changer avec les années.

Pourquoi varroa est dangereux?

Parce qu'il ne fait pas qu'affaiblir les abeilles en se nourrissant de leur hémolymphe. Le cœur du problème c'est qu'il se nourrit aussi sur les larves d'abeilles. Les abeilles au stade larvaire sont très sensible au parasitage. Leur développement n'est plus optimal et l'abeille qui en ressortira sera grandement affaiblie parfois au point de la rendre inutile à la colonie. Si une portion importante du couvain est parasitée, on peut dire qu'une génération entière d'abeille sera affectée. Ces abeilles affaiblies deviendront ensuite des nourrisses ayant sous leur responsabilité de nourir le couvain de la génération suivante. Ce couvain sera ainsi moins bien nourri en plus d'être parasité encore d'avantage que la génération précédente. Le cycle continue exponentiellement jusqu'à un réel effondrement de la colonie.

Pour ajouter au danger, varroa est aussi un formidable transmetteur de maladie. C'est probablement là sa caractéristique la plus dangereuse. Car en effet, cela veut dire que même après avoir traité et éliminé les varroas d'une colonie, les dommages sont encore là, les abeilles sont maintenant malade.

Repérer à l'œil nue certaines maladies sur une ou plusieurs abeilles dans une colonie est souvent un indicateur d'une forte infestation. Le virus des ailes déformées est très visible et très symptomatique d'une forte infestation. Dépister systématiquement après en avoir observé ne serait-ce qu'une seule dans une ruche est une bonne pratique. Et oui c'est vraiment quelque chose qui arrive même ici au Québec de découvrir une abeille atteinte de cette maladie. Ce n'est pas fréquent mais ce n'est certainement pas rare.

Abeille atteinte du virus des ailes déformées

Abeille atteinte du virus des ailes déformées (DWV).


L'histoire de varroa et de ses conséquences

Varroa est un parasite naturel de l'abeille, mais pas de notre abeille à nous l'abeille européenne "Apis mellifera". L'hôte naturel du varroa est en fait une abeille asiatique nommée "Apis cerana". Apis cerana a évoluée pendant des milliers d'années avec varroa et a aujourd'hui des mécanismes de défense complexe lui permettant de le supporter raisonnablement bien. Ce n'est pas le cas de notre abeille européenne. Elle est presque complètement démunie face à ce parasite.

L'arrivé du varroa vers la fin des année 80 en Amérique marque un changement majeur dans la gestion des ruchers. Les premières années les pertes de colonie étaient énormes. Des acaricides de synthèse ont vu le jour et ils fonctionnaient. Mais le varroa développe assez rapidement des résistances contre ces traitements. Il faut donc trouver de nouveaux composés chimiques ou augmenter les doses à chaque fois qu'une résistance est découverte. Bref, c'est une situation difficile à tenir dans le temps et encore en 2022 l'histoire se répète. Car oui, même aujourd'hui, Apivar, le traitement le plus utilisé par les apiculteurs commerciaux semble perdre en efficacité. C'est ce qui expliquerait la terrible perte hivernale de l'hiver 2022 au Canada. À savoir qu'au Québec par exemple la perte hivernale moyenne se situait autour de 60%. Autrement dit, vous hivernez 100 ruches et au printemps seulement 40 contiennent encore des abeilles vivantes. Avec 60% de perte, une entreprise apicole est difficilement rentable. L'apiculture amateur est-elle aussi impactée et ce encore plus car l'apiculteur amateur a plus de chance de négliger la gestion du varroa.

 

Comment se reproduit varroa? (IMPORTANT)

Pourquoi c'est important? Parce que le cycle de reproduction du varroa a une influence majeur sur l'efficacité d'une bonne partie des traitements disponible contre varroa. Comprendre sa reproduction vous aidera grandement à comprendre quoi faire et ne pas faire pour avoir des traitements beaucoup plus efficaces. Ne vous en faites pas ce n'est pas si compliqué que ça en fait.

Cycle du varroa

Le varroa a deux phases de vie. La phase phorétique, c'est à dire qu'il est agrippé à une abeille adulte. Ensuite la phase de reproduction, c'est à dire qu'il se cache dans le couvain d'abeille et se reproduit. Tous les varroas en phase phorétique sont des varroas femelles. Lorsqu'une abeille infestée d'un varroa passe à proximité d'une cellule de couvain sur le point d'être operculé, le varroa descend de l'abeille et y entre. Il se cache ensuite sous la larve d'abeille dans la gelée royale. Il y respire grâce à un petit tube qui lui fait office de tuba. Quelques heures plus tard, les abeilles opercules la cellule. C'est bien à l'abris dans cette cellule operculée que le varroa femelle commencera à se nourrir de la larve d'abeille et pondra quelques oeufs. Le premier œuf donnera à coup sûr naissance à un varroa mâle. Les varroas mâles sont plus petits que les varroas femelle et ils sont plus pâles. C'est encore visible à l'œil nue mais il faut savoir ce que l'on cherche. Les autres œufs donneront naissances à des varroas femelles. Les sœurs s'accoupleront avec leur frère mais ne pondront aucun œuf. Pendant tout ce temps, la larve/nymphe d'abeille sert de garde mangé à toute cette sympathique famille. Le mâle meurt peu de temps après les accouplements. Lors de l'émergence de l'abeille, les varroas femelle sont aussi libérées et le cycle recommence après une nouvelle période de phase phorétique.

Vous avez probablement remarqué que ce mode de reproduction amène à beaucoup de consanguinité. En effet le varroa est très consanguin de par nature. C'est aussi ce qui fait probablement qu'il développe rapidement des résistances aux traitements car les varroas qui ne meurent pas d'un traitement font des copies quasi identique d'eux même et donc des copies de leur résistance. Parfois deux varroas entrent dans une même cellule, les deux varroas pondent un mâle et des femelles. Il y a ici possibilité d'échange génétique entre leurs descendances. Mais pour que ça arrive, il faut une ruche fortement infesté.

Dans une ruche normal, l'été, environ 80% des varroas sont cachés dans le couvain, sous l'opercule de cire. C'est cette opercule qui les protèges d'une bonne partie des traitements. Un traitement est souvent donc efficace sur seulement 20% des varroas à la fois. C'est ce qu'il faut retenir le plus ici.

 
Et maintenant?

Maintenant que la base théorique est connue, la prochaine étape est déjà plus intéressante, il faudra dépister et traiter varroa. C'est ce qui sera discuté lors du prochain article.

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